Prix 2016 de la Société des Poètes Français

 

Prix Jean COCTEAU (1889-1963) : Valérie RINALDO

 

 

Quoi de plus normal, pour une Agrégée de Lettres, enseignante au collège de Nègrepelisse, que d'effacer un parchemin pour l'utiliser une seconde fois, autrement dit, d'utiliser un "palimpseste" pour se présenter à nos concours?

Il est heureux, ce me semble, que Valérie RINALDO figure au même palmarès que Laurent MALANDA, car leur poésie  - toutes deux libérées -  se rejoignent à plus d’un titre : même fierté de leurs racines, même attachement à « leur » terre, à leur langue (Valérie Rinaldo ira même jusqu’à nous offrir un texte original en langue indigène….), à leurs coutumes… Même envol de l’Afrique vers les Îles noires de peau, même révolte devant les brimades, même cri de liberté. 

L’écriture, elle aussi, a des points communs : même recherche du mot juste, en économie d’inutiles « bla-bla »…  Même don pour trouver l’image qui réunit les messages forts et la poésie : « Dénouant des liens insoupçonnés/  Le jour glisse ses doigts de sel/  Infimes entailles/ Dans les chairs de ton silence/ Et dont tu devines l’infinie douceur/ A travers les interstices de ta geôle. »[1].

Le passé se mêle au présent, le sang des ancêtres se mélange à celui de la descendante : « Ignores-tu combien de sang sacrifié dans l’écoulement/  de ton propre sang…      Qu’attends-tu pour nous délivrer/ Et renouer enfin l’Alliance du Ciel et de la Terre/  Par-delà les Âges/  Par-delà le Temps ? ».

Il n’est que la poésie pour dire les choses profondes, celles-mêmes que l’on ne peut formuler : « Et l’indicible deviendra poème/ … Et le vers comme soc dans les plaies de l’humus… »  La rencontre de « l’autre », d’un second soi-même dans l’autre, pourrait être salvatrice, mais « tu tentes néanmoins d’échapper à cette conscience lucide/  Qui te dévoile enfin à tes propres yeux »…pour finalement atteindre le « Bonheur d’être par le consentement de l’autre ».  Union et séparation, qui demeurent unité !

Et le cri de sédition se répand « Des rives africaines aux rivages brisés des Grandes Antilles/  Un seul et même cri de révolte ! »  Haïti lui rend écho…Ton hurlement exhume de tes ancêtres antillais/  Les cendres éparses/  En toi germe une certitude/ L’aube sera de feu/ Ou ne sera pas… »  Et la danse pure – danse de révolte –  martèle de sol d’Afrique…  Et marque la cadence à Haïti ! 

C’est l’heure de la maternité.  L’instant de « réinventer le futur pour donner sens au passé ».  L’instant de pardonner d’avoir été, un jour, l’enfant délaissée et sans mère, maintenant que la mère n’est plus et que « Lueurs indigos baignent ton âme soudain apaisée ».

  

Et l’épilogue se teinte aux couleurs des légendes haïtiennes, de la faune et de la flore de là-bas, en éternel retour aux sources, quand, éternellement, « le chant » des baleines « se perd parmi le feulement de la houle ».

 Un « Palimpseste »  qui remue largement la conscience profonde de l’homme, au son des doum-doum et du martèlement des danses et qui offre, à Valérie RINALDO, le Prix Jean Cocteau 2016.

 

 

Véronique Flabat-Piot

                                     Responsable des Concours Poétiques de la S.P.F.                                         

Paris, 25 mars 2017

 

[1]   Les citations en italique sont extraites du recueil Palimpseste

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